Hommage à Muriel Hutter qui nous a récemment quittés.

C’est avec surprise et peine que nous avons appris courant septembre le décès brusque de Muriel Hutter à l’âge de 82 ans. Je lui avais parlé début juillet, et nous avions repoussé un rendez-vous de travail à la rentrée. Ça a été un choc de lire l’avis de décès sur internet !

Son décès accidentel le 24 juillet a eu lieu lors d’un bain de mer. D’après sa famille, elle semblait en bonne santé à la plage de Sainte Marie en Ré, sur l’île de Ré.

Elle a été inhumée à Sucy-en-Brie près de son frère aîné. Sa sœur aînée, âgée de 88 ans, Béatrice Crawford- Hutter réside en Grande Bretagne depuis longtemps.

Son parcours scolaire a été des plus classique. Elle a fait des études secondaires à Paris, au Lycée Molière et au Lycée Janson de Sailly. Puis des études universitaires á la Sorbonne, et obtenu le diplôme de Licence de Lettres Classiques.

En 1974, sa passion pour les voyages l’a conduite à passer une licence de Népali, à l’institut National des Langues et Civilisation Orientale, et de parcourir le Népal.Elle avait fait la connaissance de Corneille Jest, ethnologue spécialiste de la région himalayenne au CNRS, qui l’a inspirée.

Ensuite, vers 1975, elle a commencé sa vie professionnelle comme Ingénieur du Musée de l’Homme. Elle a travaillé d’abord comme secrétaire de rédaction pour « Objets et mondes » (1961-1989).

La revue Objets et mondes avait été créée par le professeur Jacques Millot, alors directeur du musée de l’Homme. Muriel était l’adjointe de Melle Yvette Laplaze, rédactrice en chef.

À la retraite de Jacques Millot, le Musée fut démantelé en trois chaires : Préhistoire, à la demande du gouvernement, pour recaser Lionel Baloud, doyen de la fac des lettres d’Alger, et rapatrié Algérie ; puis Anthropologie, en fait pour sanctionner Robert Gessain, qui avait été démis de sa responsabilité de directeur du musée, et Ethnologie, avec le professeur Jean Guiart.

En 1979 Muriel a été co-auteur avec Yvonne de Siké d’un article sur la Grèce dans le livre L’Homme et la mort, édité sous la direction de Jean Guiart. L’exposition au Musée de l’Homme s’intitulait « Les rites de la mort ».

Entre temps, Yvette Laplaze avait pris sa retraite, sans en aviser personne.

Très vite, ses talents de rédaction et de maquettiste ont valu à Muriel de devenir rédactrice en chef d’Objets et Monde et jusqu’à l’année 1989, quand les coupures du budget du Musée de l’Homme ont obligé le Directeur du labo d’Ethnologie à arrêter cette publication bien qu’elle soit très appréciée et se vende bien. En fait, le dernier numéro prêt à imprimer ne sortit pas, car le directeur voulait passer au numérique.

Muriel s’est retrouvée du jour au lendemain sans travail au Musée de l’Homme et obligée de le quitter ce qui l’a beaucoup attristée. Mais elle a gardé contact avec de nombreux membres du Musée.

Elle a alors développé des activités à la de la Société des Etudes Euro-asiatiques, (SEEA), notamment le secrétariat de rédaction de la publication de la SEEA, Eurasie.

Elle s’occupa alors de la mise en page et de l’édition des volumes annuels de la collection Eurasie chez l’Harmattan (1990-2022). La publication avait été créée à l’initiative de Jean Guiart, [et de Paul Lévy, fondateur et président de la SEEA]. Récemment encore, elle disait à Bernard Dupaigne : « Tu sais comme c’est important pour moi ».

On ne peut pas s’empêcher de remarquer que son décès ne suit que de peu l’arrêt de la publication annuelle de ces volumes.

Muriel était aussi active à la Société des explorateurs français (SEF), où elle éditait la lettre d’information, Latitudes. Elle parlait souvent de ses activités à la SEF à sa sœur aînée, et avec passion.

En tant que secrétaire générale adjointe de la SEEA , depuis le début des années 2000 Muriel a été la cheville ouvrière de la Société. Elle a accompagné le déménagement du MH au Musée du quai Branly sous la direction du Président, le regretté Yves Vadé.

D’ailleurs, j’ai participé fin 2005 au déménagement du bureau qu’elle occupait (celui d’Objets & Mondes) au musée vers un autre bureau au M.H à titre temporaire. Elle était alors arrivée à l’âge de la retraite. Ensuite, eut lieu le déménagement du M.H au quai Branly en déc. 2006 dans la salle dédiée aux sociétés savantes.

Depuis cette nouvelle installation, j’ai travaillé étroitement avec Muriel – Rita Régnier, trésorière, une amie proche, était aussi très présente à la SEEA à cette époque. Enfin, nous avons accompli jusqu’à cette année les tâches du secrétariat : courrier, préparation des réunions du CA, programmation des conférences, à côté de l’édition des articles pour la collection Eurasie à partir de 2007 (« nouvelle série », numéro 17) avec les résumés anglais et français des articles, jusqu’au numéro 31, le dernier volume paru à ce jour.

Elle accomplissait toutes ces tâches avec courage malgré un grave handicap physique. Muriel était une belle personne, joyeuse et efficace à la fois, surtout elle était de toute confiance: on pouvait compter sur elle. Elle sera regrettée par tous ceux qui l’appréciaient. Outre sa sœur, elle laisse une nièce Isabelle et des cousines.


À Paris, le 17 octobre 2024
A. Guerreiro avec les contributions de B. Dupaigne et de B. Crawford-Hutter, de Madame Soukha-Briand