Cordillère des Andes, 600 jours de route, Tour du monde, 1990

Paris, le 30 janvier 2021


Chers sociétaires, chers amis, 

Permettez-moi, au nom du Comité Directeur de la Société des explorateurs français, de vous souhaiter en cette fin janvier, une excellente année 2021.

Si je vous prie de croire que cette phrase a été posée sur le papier avec la plus grande sincérité, il faut bien avouer qu’elle ne sonne pas très juste dans le contexte actuel.

Ces temps particuliers nous privent de ce que nous avons de plus cher : la liberté de voyager dans les contrées lointaines et la jouissance de la vie telle que nous l’entendons. Il y a aussi cette désagréable impression de regarder filer, entre nos doigts, les grains si précieux du sablier de l’existence avec le sentiment de ne pas profiter pleinement du temps nécessaire à nos quêtes et à nos aventures.

Préparation de l’ULM, Olivier et Hervé Archambeau, Denis Gittard, Désert d’Atacama, 600 jours de route, Tour du monde, 1991

Il faut espérer que cet état de fait reste passager. Mais, dans le « monde d’après », il faudra bien s’assurer et peut-être même lutter pour que nos enfants retrouvent l’intégralité des libertés du « monde d’avant ». 

J’entends de-ci de-là de petites musiques malsaines qui, au prétexte de restrictions sanitaires, de surveillance sécuritaire ou d’écologie mal pensée, justifieraient de revenir sur certains droits fondamentaux, comme celui qui semblait jusqu’ici inaliénable : la liberté de circuler sur la planète, quels que soient son âge et sa condition sociale.

Vol en ULM au-dessus du désert d’Atacama, 600 jours de route, Tour du monde, 1991

Même si je reconnais aisément qu’il n’est pas très malin de traverser l’Atlantique pour quelques heures de travail ou cinq jours de vacances, ce type d’approche « écolo-sécurito-sanitaire » sur ces sujets me parait être le révélateur d’un moment de grand danger pour nos libertés au sens large.

Ces nouvelles tendances sociétales n’impactent pas uniquement les écrivains, scientifiques, marins, astronautes, reporters ou réalisateurs, mais bien tous les Hommes libres qui, je le crois, composent encore une grande majorité de l’humanité.

Chasse photographique au bison, Alaska, 1990

Les membres de la Société des explorateurs font certainement partie des adultes qui ont su garder le meilleur de l’enfance. Nous essayons sans cesse de mobiliser le rêve et l’imaginaire dans le but de transposer dans la réalité toutes sortes de projets et d’aventures, pour ensuite les partager avec le plus grand nombre. C’est le sens de nos existences.

Nous avons donc toute légitimité à défendre les libertés de penser, d’agir et d’arpenter la Terre. Si nous ne le faisions pas, il y a fort à parier que les membres de la Société des explorateurs des décennies qui viennent nous le reprocheraient à raison.

Rêver et penser l’aventure, passage nécessaire avant la réalisation, 1989

Pour le futur proche, après avoir repensé et décalé 100 fois voyages et projets, passé en revue nos bibliothèques, je formule le vœu que nous cessions de tourner en rond dans nos cages, que nous retrouvions au plus vite restaurants et terrasses de café afin de pouvoir refaire le monde dans de bonnes conditions et par-dessus tout, que nous retrouvions les grands espaces.

Olivier Archambeau
Président de la Société des Explorateurs Français