« Les Lumières de l’Eden »
et
La Société des Explorateurs
présentent au Théâtre de l’Eden à La Ciotat
Vendredi 26 mai 2017 à 14h30 et à 20h30
« Navajo Songline »
un film de Bruno Vienne et Lorenza Garcia, Production : Navajo France Association, 2017, 52 min
« Un jour, l’homme blanc demandera à l’homme rouge de l’aider à se souvenir
comment re-vivre en harmonie avec la nature ».
Il y a 20 ans, Lorenza Garcia, a rencontré les Indiens Navajo à Paris. Depuis 20 ans, elle partage sa vie entre Paris et la Réserve Navajo située en Arizona.
En 1996, lors d’une exposition à La Villette, sa vie change de cours. Cette exposition « La voie de la Beauté » sur les peintures de sable navajo lui fait rencontrer Lillie qui travaille pour le gouvernement navajo. Cette rencontre entre les deux femmes sera fondatrice, plus rien ne sera comme avant, pour l’une comme pour l’autre. Sentant cette connivence affectueuse entre les deux femmes, les hommes médecine navajos présents pour l’exposition organisent, pour remercier Lorenza, une cérémonie « Le Chemin du Pollen ».
À l’issue de celle-ci, ils déclarent que Lorenza fait désormais partie des leurs et qu’en réalité, sans en avoir pleinement conscience, ils sont venus la chercher.
Depuis cette rencontre avec les Diné, qui veut dire « Le Peuple » en langue Navajo. Aujourd’hui, Lorenza a totalement été adopté par ce peuple premier. Elle n’est ni anthropologue, ni ethnologue, elle est compositrice et chanteuse.
À force de séjours prolongés chaque année dans la réserve, Lorenza a su se faire accepter et a été initiée aux croyances les plus profondes de ce peuple premier. Elle vit entre Paris et le territoire Diné. Elle chante avec eux et a produit un livret CD musical enregistré à Phœnix AZ avec le musicien amérindien, Ojibwa, Keith Secola et des artistes navajo.
Elle inclut dans ses compositions en tant qu’auteur, compositrice, des influences rythmiques des chants natifs et a réalisé un album, « La Beauty ». C’est ce qui l’a poussé à vouloir faire découvrir la culture et la richesse de ce peuple à la fois ancestrale et d’une modernité absolue. Pour Lorenza, renouer des liens entre les cultures, la santé, l’environnement et la beauté comme facteur liberté est une démarche qui soutient le développement de la connaissance, de la conscience et de la transcendance.
Un an après la cérémonie du Chemin du Pollen à Paris, Lorenza est invitée par Sam Begay, un homme mèdecine, et Lillie Lane en Terre Navajo, Lorenza chante en plein désert, la nuit, dans un hogan avec les hommes médecine. Cette nuit-là il lui est dit : « Où que tu sois maintenant, tu es avec nous et tu restes avec nous » et il ajoute : « quand tu retournes dans ton pays, dis-leur qui nous sommes… »
Très touchée et imprégnée par leurs chants, la façon de vivre leur tradition et la philosophie Hozho, Lorenza porte en elle ce projet de film depuis plus de 5 ans.
La vie chez les Diné est relié à leur philosophie appelée, HozHo qui veut dire : beauté, équilibre, harmonie, humour, joie.
Il y a cinq ans, Bruno Vienne rencontre Lorenza qui le sollicite pour l’aider à réaliser le film. Conquis par le message des Navajo, Bruno adhère immédiatement au projet. Après avoir déposé des dossiers dans différentes productions et une longue attente, tous deux décident de forcer le destin et avec les moyens du bord commencent les tournages et la mise en place du projet.
AU CŒUR DU FILM, LA CONSCIENCE NAVAJO.
« Vous êtes ce que nous sommes, peut-être l’avez-vous oublié ».
Au moment où la contestation gronde contre les excès du capitalisme, où l’argent-roi tombe de son piédestal, la culture navajo n’est pas sans ressembler à la « sobriété heureuse » chère à l’éco-agriculteur Pierre Rabhi. La plupart ont acquis la jouissance de leur modeste logement sans avoir recours au crédit. Il n’en est de même pour ceux qui n’ont pas accès au téléphone ou à l’électricité : les jeunes navajo citoyens de la double appartenance restent aujourd’hui reliés à la mémoire collective de leur culture.
Les Diné ont résisté à toutes les tentatives de normalisation, voire de corruption. Ses valeurs sont profondes et sa vitalité actuelle paraît un gage de pérennité.
Le monde moderne gagnerait sans doute à s’en inspirer car la soutenabilité de ce monde est loin d’être assuré.
NAVAJO SONGLINE est un film qui à travers la découverte des chants et de la musique parle de beauté.
L’action se passe entre la vie dans la « réserve » d’aujourd’hui et la vision du monde Navajo d’hier. Chaque personnage rencontré à son chant, chaque chant nous permet de comprendre leurs messages.
Chaque image nous plonge dans l’intimité du peuple Navajo jusqu’au plus profond de son âme que seule la présence affectueuse et privilégiée de Lorenza permet.
Un film avec un double regard, une double réalité.
Nous avons des questions qui concernent le monde de demain, nous avons un peuple qui a des réponses.
Le film oscille entre la vie dans la réserve d’aujourd’hui et la vision du monde Navajo. Chaque personnage rencontré à son histoire et nous la raconte. Certains d’entre eux aiment partager leur histoire par un chant, une musique, une interprétation musicale. Un quotidien navajo s’installe peu à peu dans le film. Lorenza va à la rencontre des différents personnages du film.
Dans la voiture, John Yazzie accompagne Lorenza. Du milieu de nulle part émerge une multitude d’histoires : le coyote, le chien, le yucca, le maïs, le haricot, la courge,… Toutes ces histoires que l’on récoltent au fur et à mesure nous entraîne dans un monde sagesse comme autant d’anecdotes poétiques et pourtant remplies de bon sens pour qui leur prête l’oreille… une meilleure compréhension d’un monde menacé. Pour restituer l’harmonie des Navajos avec leurs environnements et mettre en valeur cette réalité complexe et difficile à appréhender pour le profane,
C’est sous forme du récit avec la voix de Lorenza et de sa rencontre avec les Navajos que ce voyage fera résonner le cœur des traditions jusqu’aux préoccupations de la réserve face à la modernité. Les langues du film sont l’anglais, le navajo pour les chants et le français pour la voix off. Le son est celui des ambiances du désert, des lac, des forêts, des chants, de la musique. La musique du film est composée par Lorenza accompagnée de chants en langue navajo.
II – Qui sont les Navajo ?
Les Diné, « le peuple » en langue Navajo
Nous sommes au Sud-Ouest des Etats-Unis, dans un carré irrégulier de 250 kilomètres de côté. 290.000 Navajos vivent aujourd’hui dans une réserve qui s’étend sur 69.000 kilomètres carré et trois états : l’Arizona, l’Utah et le Nouveau Mexique. Cet espace est délimité par quatre montagnes sacrées : la Montagne Bleue au sud-ouest, la Montagne Turquoise au sud-est, la Montagne Blanche au Nord-Est et Navajo Mountain au Nord-Ouest.
Les touristes attirés par les plus extraordinaires sites géographiques et historiques, n’ont pas toujours conscience qu’ils entrent en pays Diné « le Peuple » en langue navajo. C’est à Window Rock, capitale de la Nation Navajo, que siègent, dans de modestes bâtiments sans étage, les représentants de ce peuple fort d’une population supérieure à 290.000 dont 170.000 vivent encore sur un vaste territoire.
Les Navajos, représentent, avec les Cherokees, la plus importante ethnie de ce qu’on appelle désormais les « native americans » un terme auquel ils préfèrent d’ailleurs celui de « indian americans ». Après avoir été déportés au XIXe siècle, ils ont été relocalisés sur leurs terres ancestrales. Sauf exception, ils n’en sont cependant pas propriétaires, mais simples usufruitiers, le gouvernement américain conservant la propriété de 85 % environ du sol et du sous-sol de leur réserve, familièrement désignée comme la « Rez * ». Ils sont les seuls parmi les Amérindiens d’Amérique du nord à être revenus vivre sur leurs terres d’origine.
NOTE DE L’AUTEUR
Proposer le film comme perspective de vie durant des moments de crises planétaires peut nous amener à penser à ce que l’on veut vraiment en tant qu’individu et en tant que société.
L’obsession médiatique, la pression du court terme, la destruction de la biosphère, les conditions de la consommation guidée par l’économie et la finance, sont devenus les piliers de l’exigence et de la contrainte qui continuent à creuser le fossé entre les riches et les pauvres, entre les jeunes et les anciens.
Le monde se globalise, mais l’initiation intergénérationnelle s’étiole et la responsabilité se dilue.
De quelles manières pouvons nous orienter une « vision racine » du monde nouveau avec autant de signes ? peut être pas nécessaire tout le monde le sait !
Navajo Songline est un film qui se veut participer au regard vigilant d’hommes et de femmes d’expériences et de jeunes à l’écoute.
Il s’inscrit dans les enjeux de la responsabilité éthique, sociétale et spirituelle. Il contribue au devenir des enjeux majeurs de nouveaux paradigmes et qui ne pourront être traités que dans le cadre d’un véritable dialogue inter-civilisationnel.
Mon but est de transmettre, en osmose avec eux, des images, des témoignages pour partager au monde, afin qu’il puisse s’en inspirer et préserver la vie.
Un film pour les futures générations.
L’ordre ancien vacille et même s’il faut s’attendre vraisemblablement à des hauts et des bas et à d’impressionnants retours en arrière, il est peu probable que l’ancien système se dilue sur la société qui a si longtemps déterminé le destin des générations jusqu’à les oublier.
Il est temps de rendre compte des décisions des cultures indiennes et ici, celle des Diné sans les juger comme expression irrationnel ou fantasque face à nos sociétés du « toujours plus ».
Les Navajo ressentent, émotionnellement et physiquement qu’en prélevant de manière effrénée les ressources premières non-renouvelables comme le charbon, le pétrole, l’uranium, on prive la terre de force et d’énergie.
Ils disent que si la relation à la terre n’est pas respectée, le déséquilibre, risque de pénétrer leur univers. Ce qui leur a entre autre permis de résister et se redresser devant l’éthnocide amérindien est de préserver, transmettre et entretenir Hozho.
C’est un film qui appartient déjà au Navajo. Pour eux, il est question de continuer à éduquer les jeunes afin que les savoirs et connaissances universelles puissent être préservés.
Ce film servira, nous l’espérons, à des milliers d’autres personnes pour se mettre en action et pour diffuser un message positif autour d’eux. La société Diné nous montre comment elle a su maîtriser la virulence de l’autorité politique : c’est ainsi que la culture utilise comme contre-pouvoir la ruse de la nature elle-même. Il est possible de construire un monde où les êtres humains et la nature vivent en équilibre aujourd’hui.
Bruno Vienne