(AFP) Tara et La Boudeuse ont navigué de concert à Dijon: les deux voiliers hauturiers français étaient à l’honneur -et en compétition- à la 20e édition du festival « Les Ecrans de l’Aventure » avec les films sur leurs dernières expéditions, « Tara Océans – Le monde secret » pour le premier et « La Boudeuse – L’or de Ouanary », pour le second.

Dix-huit longs métrages, dont 6 étrangers (Australie, Etats-Unis, Angleterre, Italie, Allemagne, Slovaquie), ont été présentés dans la capitale de Bourgogne du 3 au 6 novembre.

C’est la première fois que le couple de trois mâts goélettes qui portent haut depuis plusieurs années, les couleurs de l’aventure maritime et de la France sur les mers du monde, partage une aventure –cinématographique– commune.

Le film sur Tara, signé Michael Pitiot, retrace les débuts en Atlantique et Méditerranée de l’expédition Tara Océans sur l’étude du plancton, commencée en septembre 2009 et qui est prendra fin en Mars 2012.

Le 52 minutes consacré à La Boudeuse est une plongée dans la forêt tropicale amazonienne en 2010 en Guyane, co-réalisé par Patrice Franceschi (le capitaine du voilier) et la réalisatrice Valérie Labadie.
Dans le petit monde de l’Aventure et de l’exploration français, les mauvaises langues n’ont jamais manqué pour inventer on ne sait quelle rivalité entre les deux bateaux, leurs équipages, leurs missions où se conjuguent toujours aventure humaine, exploration et science.

Le mérite de la programmation de Dijon –et la qualité des deux longs métrages en compétition– fut au contraire de démontrer qu’il n’y a aucune concurrence entre les missions de Tara et de La Boudeuse, mais au contraire une complémentarité et une enrichissante diversité d’approche du thème de l’aventure et de ses déclinaisons humaines et scientifiques.

Montrer l’invisible

Le film de Michael Pitiot sur la mission Tara Océans -le premier d’une série de 4-, constituait un défi cinématographique: « ce que l’on ne voit pas n’existe pas, souligne le réalisateur. Le plancton invisible à l’oeil nu, constitue 90% de la biomasse des océans, absorbe le CO2 et se trouve à l’origine de la chaîne alimentaire marine. C’est ce monde secret que nous avons porté à l’écran, ce monde encore largement inconnu, cette quête naturaliste inédite des marins et scientifiques de Tara sur toutes les mers ».

Aventure humaine sur le pont de la goélette, aventure des micro-organismes planctoniques dans les abysses avec des images surréalistes et poétiques captées au microscope, le long métrage de Michael Pitiot ouvre sur l’écran la porte de l’exploration des profondeurs océanes, comme le firent il y a 3 siècles les premiers naturalistes étudiant la faune et la flore des terres émergées.

Les clandestins de la jungle

Fidèle à son image d’aventurier baroudeur, Patrice Franceschi et sa Boudeuse aux allures de bateau corsaire de la marine en bois, ont pénétré dans l’enfer vert, étouffant, boueux et urticant, de la forêt guyanaise, à la rencontre des orpailleurs clandestins brésiliens.

« L’or de Ouanary » a tous les ingrédients du film d’aventure et d’exploration:  exotisme, prises de risques, nature agressive, clandestinité qui tiennent le spectateur en alerte et lui font découvrir des aspects insoupçonnés de la vie d’un…département français d’outre-mer.

C’est aussi un émouvant reportage sur ces « damnés de la terre » brésiliens clandestins en quête d’un faux Eldorado amazonien, qui travaillent comme des bêtes de somme pour quelques pépites dont la vente peine à assurer leur simple subsistance.

Patrick FILLEUX